Motions

Les 5 motions suivantes ont été reçues, présentées, discutées et votées lors de l'OCB Gathering.
 

MOTION 1 – Agenda sécuritaire - APPROUVEE

 Contexte

En mai 2021 il y a eu en RDC l’installation d’un régime spécial dénommé “ETAT DE SIEGE” (en Ituri et au Nord-Kivu) qui entraine une perturbation de la situation sécuritaire et qui a comme conséquence le bouleversement et l’augmentation de l’insécurité touchant les organisations humanitaires et encore plus les communautés locales. Ceci résulte en la dégradation considérable des droits internationaux humanitaires (viols, kidnapping, tueries, enlèvement, …).

Cette situation, si pas entièrement identique, s’assimile aux situations en RCA, en Ethiopie, dans la région de Cabo Delgado au Mozambique et dans bien d’autres contextes, où le narratif du contre-terrorisme continue à être utilisé pour justifier le contournement du DIH.

OCB et MSF plus généralement s’est fortement mobilisé ces dernières années sur la guerre global contre le terrorisme, notamment en lien avec la réduction de l’espace humanitaire dans les contextes d’Afghanistan, Pakistan, Somalie, Sahel, etc ; et en 2019 encore une motion relative à l’usage abusif des lois anti-terroristes a été votée à l’IGA.

Mais ces « états de siège » ne sont pas seulement des régime de contre-terrorisme ; ils sont étroitement liés aux agenda de « sécurité nationale » et impactent sur la sphère humanitaire. Ils continuent à entrainer des violations graves en matière de droits humains, le déploiement des sociétés militaires privées sans garanties suffisantes, et une perturbation importante des conditions sécuritaires pour les populations et les organisations humanitaires, y compris dans des endroits comme Hong-Kong (national security law) ou en lien avec l’arrestation ou criminalisation des humanitaires comme dans le cas de Olivier Vandecasteele en Iran par exemple.

Texte de la motion

« Les FADs intersections en RDC appellent MSF à renforcer et élargir le champ d’action du positionnement publique vis à vis des régimes spéciaux (par exemple : état de siège, lois anti-terroristes ou de sécurité nationale, …) ; et à renfoncer les mesures de devoir de diligence auprès du personnel dans le but de faciliter les exemptions humanitaires et l’accès aux populations les plus vulnérables dans ce type de contexte. »         

Motion présentée par les FADs intersectionnels RDC

 


 

MOTION 2 – Migration - APPROUVEE

 Contexte

MSF a été appelé depuis plusieurs années à répondre aux besoins liés à la migration (à la fois au niveau d’OCB et via plusieurs motions à l'IGA), et l'a fait. Au cours de ces dernières années, le contexte migratoire a évolué, l'espace humanitaire s'est rétréci et nos équipes constatent des besoins aigus qui restent sans réponse. Pendant ce temps, certains projets répondant à ces besoins se terminent.

Les FAD en Afrique du Sud et en Belgique ont débattu de cette situation et du besoin urgent de rester engagés, à la fois dans les régions où les besoins le long des routes migratoires ne sont pris en compte par personne (comme en Afrique austral par exemple) et dans les pays de destination où nous constatons que les besoins sont paradoxalement très élevés aussi.

Les violations des droits de l’homme et du DIH par les autorités s'étendent à la fois aux réfugiés/migrants et à ceux qui les aident (MSF et autres), de sorte qu'il est encore plus urgent de répondre à ces situations difficiles en tant que MSF.

Texte de la motion

Dans un contexte de déplacements massifs et d'augmentation des violations de la législation des droits de l’homme et de la violence envers les personnes en déplacement, nous exhortons OCB à rester ambitieux et à évaluer et adapter régulièrement nos interventions sur la migration à l'échelle mondiale, en accordant une attention particulière à là où se situent les plus grandes vulnérabilités tout au long des routes migratoires et à destination (y compris la santé mentale, les pertes de vies, tous les types de violence) avec des programmes de soins complets appropriés et témoigner de ce que nous voyons.

Motion présentée par les FAD en Afrique du Sud et en Belgique

 


 

MOTION 3 – Améliorer la qualité de la vie associative sur le terrain - APPROUVEE

 Contexte

Le développement, l'amélioration et l'organisation de la vie associative sur le terrain ont été difficiles, principalement pour les raisons suivantes.

  1. Les activités associatives sur le terrain bénéficient d'un soutien limité.
  2. La connaissance et la compréhension du champ d'action de l'association (et parfois l'absence de volonté de connaître et de comprendre) sont limitées de la part des coordinateurs de mission de haut niveau.
  3. Il y a un manque général de ressources/outils (budget, ressources technologiques et autres ressources connexes) sur le terrain.
  4. Le manque de circulation de l'information dans tous les domaines.
  5. Manque de connectivité entre les différents points focaux/représentants sur le terrain.
  6. Manque d'accès aux droits/privilèges des membres (par exemple, le droit de vote) en raison de contraintes financières (telles que les fluctuations monétaires, le chômage, etc.)
  7. Le manque de temps et d'espace pour que l'association puisse s'engager et fournir un retour d'information/des contributions.
  8. Nous sommes également conscients qu'une motion a été présentée et adoptée lors du rassemblement OCB en 2008, demandant des stratégies claires visant à améliorer et à promouvoir la vie associative sur le terrain, mais nous avons le sentiment que l'esprit de cette motion n'est pas suffisamment respecté/mis en œuvre.

Flashback sur la motion de 2008 :

"2008 Motion 1 : Vie associative sur le terrain

Le Rassemblement OCB demande le développement d'une véritable vie associative pour chaque terrain, c'est-à-dire la mise en place de plateformes et de représentations associatives adaptées à chaque mission. Ceci a pour but de favoriser une meilleure connaissance de MSF par l'ensemble du personnel (national et expatrié) ainsi que de promouvoir la culture du débat tout au long de l'année, non seulement par rapport aux défis auxquels le mouvement MSF est confronté, mais aussi par rapport aux défis propres à la mission.

Les prérogatives du pouvoir associatif sont par défaut uniquement des prérogatives d'influence (par le biais de discussions) et, s'il y en a d'autres, elles doivent d'abord être clairement définies en accord avec l'exécutif et le Conseil d'Administration. L'OCB-Board reste le garant d'une saine répartition entre les pouvoirs exécutif et associatif sur le terrain et, en collaboration avec l'exécutif, s'engage à mettre à disposition des missions les ressources nécessaires au bon développement de l'associatif. "

Texte de la motion

Les participants à l'atelier des représentants de terrain de l'OCB 2023 demandent au Conseil d'administration de l'OCB de MSF de mener (en collaboration avec l'exécutif et les représentants associatifs) le redéveloppement d'un plan d'action stratégique plus robuste qui vise à revitaliser l'Associatif sur le terrain, en mettant clairement l'accent sur la priorité et la promotion d'une plus grande participation des représentants de terrain (points focaux) dans la construction et l'organisation d'initiatives associatives sur le terrain et toute évaluation subséquente de celles-ci.

Les représentants demandent en outre au Conseil d'administration de l'OCB de faire rapport à l'association lors du Rassemblement de l'OCB 2024 sur l'état d'avancement de ce plan stratégique.

Motion présentée par les Représentants terrain associatifs

 


 

MOTION 4 – Femmes et genre à MSF - APPROUVEE

 Contexte

Les droits des femmes dans divers pays du monde sont progressivement érodés, y compris dans les pays où MSF a des bureaux et des opérations. Pourtant, nous constatons souvent un manque de femmes dans les rôles décisionnels ou consultatifs lorsqu'il s'agit de discuter de l'impact ou de l'atténuation sur nos patients, notre personnel ou nos activités, en particulier les femmes qui sont directement touchées, et de diverses identités raciales et ethniques.

Texte de la motion :

Nous demandons au conseil d'administration et à la direction de OCB de travailler ensemble pour examiner l'état d'avancement des politiques sur le genre au sein de MSF et d'agir pour s'assurer que les politiques visant à maintenir l’équité des sexes soient finalisées, pleinement en place et accessibles à tou(te)s.

Dans le même temps, nous demandons que des mécanismes solides soient élaborés et mis en place pour garantir que toutes les politiques, du projet jusqu’au siège, qui affectent principalement les femmes, impliquent les femmes dans la prise de décision. Cela pourrait aller des codes vestimentaires sur le terrain aux politiques de congé de maternité en passant par la détermination du «personnel essentiel» qui peut rester en place en cas d'urgence. MSF devrait explorer la manière d'établir une véritable consultation obligatoire et une approbation de ces politiques par un groupe diversifié et représentatif des femmes concernées.

 


 

MOTION 5 – Appel à la tolérance zéro pour les comportements nuisibles - APPROUVEE

 Contexte

Début de citation : Quand je vous dis maintenant abus de pouvoir, intimidation, harcèlement sexuel, discrimination, insensibilité culturelle, racisme, ... toutes ces choses qui se produisent, je suis sûr que vous pouvez penser à au moins 2 ou 3 cas ou circonstances que vous avez vécus dans cette organisation.... et presque certainement vous n'avez jamais déposé une plainte formelle à ce sujet auprès du GAREC ou de tout autre forum.

Bien que nous souhaitions tous travailler dans un environnement sain, nous devons admettre que la réalité est différente. Dans presque tous les lieux de travail de MSF (projets, siège, coordination, ...), il y a trop de cas cachés de comportements et d'attitudes nuisibles.

Nous répondons à ceux qui diront "ça suffit, nous devons nous concentrer sur nos opérations". Nous nous exprimons aujourd'hui pour nos opérations, pour les communautés que nous servons, pour les professionnels de la santé que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre à cause des abus. Nous nous exprimons aujourd'hui au nom des nombreuses voix qui n'ont pas été entendues. Nous nous exprimons aujourd'hui au nom du personnel de MSF aujourd'hui et au nom des personnes qui travailleront pour MSF à l'avenir. Nous nous prononçons aujourd'hui pour la sauvegarde de l'avenir de cette magnifique et étonnante organisation qui affirme la vie.

L'impact des comportements et attitudes néfastes sur la santé mentale, la santé physique, l'interaction sociale, etc. est largement sous-estimé. Bien que l'organisation tienne ses principes et ses valeurs en haute estime, ceux-ci doivent être appliqués de manière plus cohérente au sein de l'organisation. Auprès de notre propre personnel et de nos patients.

L'organisation a une culture de la liberté d'expression. Mais qu'est-ce que cela signifie lorsque les gens sont si craintifs ? Les gens ont peur de s'exprimer, sont réduits au silence ou ne sont pas entendus.

Les liens et les amitiés profonds et puissants que nous tissons les uns avec les autres au fil de nombreuses années de travail et de confiance dans des situations souvent horribles sont essentiels. Ce sont eux qui nous lient les uns aux autres. Pourtant, ces liens nous amènent trop souvent à protéger ou à nier les faiblesses des uns et des autres. Lorsque nous devrions interpeller nos amis et nos collègues, nous restons trop souvent silencieux pour préserver nos amitiés et nos relations. Les conflits d'intérêts, le manque de neutralité et le favoritisme permettent la poursuite de comportements et d'attitudes préjudiciables. 

Nous savons que beaucoup est fait, mais ce n'est pas suffisant.

Malgré les mécanismes existants et les efforts mis en place, il n'existe toujours pas d'espace sûr et accessible pour s'exprimer et témoigner en tant que victime ou témoin. 

Texte de la motion :

Nous demandons à MSF de mettre en place une tolérance zéro pour les comportements inappropriés. Nous demandons de réviser et de renforcer les mécanismes existants et de veiller à ce que les ressources nécessaires soient mises à la disposition d'un organisme neutre et indépendant, sans conflit d'intérêts et accessible à tous, indépendamment du poste et de la localisation du personnel : nous saluons les plans visant à enquêter systématiquement sur les départs anticipés et souhaitons voir des rapports réguliers détaillés sur la manière dont cela est fait et si cela est fait de manière cohérente.

Nous demandons que les dirigeants à tous les niveaux reconnaissent et promeuvent la nécessité d'une cultures et d'un état d'esprit de "bien-veillance" et la nécessité de s'attaquer aux pratiques agressives et aux abus de pouvoir.